Vendredi
13 décembre et samedi 14 décembre
… les ateliers, la vie…. le mouton et le chameau !
On
s'acclimate tellement qu'on a froid le soir! Les nuits sont en effet
plutôt fraîches (12-15 degrés). Aboubakar nous a pris sous son
aile. C'est surtout avec lui (et Yaya l'éternel) que nous nous
promenons d'un endroit à l'autre en ville
"Mangeons… du bon... châmôôô !"
Vendredi
midi ils nous ont invité à manger du chameau... Un délice! Viande
grillée, épicée à la perfection, savoureuse, tendre! Miam. Assis
par terre, le plat de viande au centre, nous en profitons pour
discuter de leur travail, mais aussi des meurs, coutumes et
traditions ici. Les ateliers à la maison de quartier de N'Djiari, en
après-midi, furent des plus agréables. Un groupe de jeunes vifs,
motivés, et encouragés par un public de curieux venus voir ce qui
se passait. On a terminé avec une bonne cinquantaine de personnes
regardant les participants travailler.
Samedi
avant-midi, Yaya nous a invité à assister au mariage d'un membre de
sa famille. Pagnes colorés, assiettes remplies de savons, riz,
poissons et autres denrées symboliques en guise de dot, marche dans
le quartier où les femmes chantent bien fort pour laisser savoir à
tous les prétendants de la future mariée qu'il est maintenant trop
tard. Le tout se termine dans la cour de la maison des parents de la
mariée, où on assiste à la discussion/négociation entre les
membres des deux familles. On se complimente, on parle des promis, et
les parents du marié proposent enfin un montant qu'ils offriront à
la famille de la mariée en échange de leur fille. On discute, on se
consulte, alors qu'un révérend/animateur nous tient au courant de
tout ce qui se dit. Au final le marché est conclu, les familles sont
heureuses, le mariage peut être célébré!... Ah oui, j'entends les
curieux... le prix? 350 000 FCFA.
Moment
cocasse en route vers la maison de quartier de Walia pour l'atelier :
on s'est fait dépasser par un mouton à moto! On l'a d'abord
entendu : « mbêêêh » (je croyais que c'était un
klaxon!) et puis voilà qu'une tête de mouton nous regarde et file
tout droit. Derrière le mouton, un homme conduisant la moto. Le
mouton, docile, regarde autour, oreilles au vent! N'Djamena est une
ville surprenante.
En
ateliers, j'ai travaillé avec le petit nez rouge, tentant de les
mener doucement vers l'état de disponibilité et de jeu du clown. Le
laisser-aller n'est pas évident à trouver. On sent que le concept
même du clown est assez abstrait. De plus, on sent les élèves qui
veulent tellement bien faire qu'ils sont bloqués dans le jeu. Malgré
tout, quelques participants se démarquent, dont un petit garçon de
neuf ans qui, clairement, a tout compris. Un jeune adolescent me dit,
en fin d'atelier, qu'il souhaite faire du théâtre sa vie et que le
clown l'intéresse particulièrement. Nous les quittons avec le
sourire, chacun muni de son petit nez rouge qu'il rapportera chez
lui.
… et Mathieu qui ondule...
Tous
les soirs, nous sommes invités à prendre un verre avec divers
artistes d'ici. Comme partout ailleurs, c'est dans ces rencontres informelles que se tissent les liens et que se développent les amitiés. Assis dehors devant les petits bars, dans la nuit
fraîche de N'Djamena en décembre, on apprend à se connaître.
Tous, sans exception, ont une histoire touchante, souvent troublante.
La guerre a laissé des traces. Les réalités familiales sont
souvent très complexes. Mais ce qui ressort, c'est la générosité
et la solidarité infinie présente chez toutes et tous. Je me sens
choyé d'être entouré de personnes aussi ouvertes, partageant leurs
histoires avec tant de simplicité. Les artistes tchadiens que je
rencontre sont fiers, à la fois critiques d'une réalité sociale et
politique sur laquelle ils n'ont que peu d'influence, et en même
temps conscients de l'importance de ce qu'ils font pour les habitants
de leur ville et de leur pays. On sent la nécessité de l'art, on
sent l'espoir lucide, on sent une communauté artistique soudée.
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Walia |
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