Mercredi
18 décembre
Deuxième
rencontre avec le public…
Themacult - Redonner le sourire à ceux qui ne savent plus pleurer
Ce
matin nous avons eu le bonheur de rencontrer Vangdar Ismael, le
directeur artistique de la compagnie de théâtre Themacult qui
fêtera l'an prochain ses 25 années d'existence. Un grand homme
(dans tous les sens du terme!). Généreux, bon vivant, la joie de
vivre contagieuse, on sent qu'il s'est battu pour arriver à mettre
sur pied et à maintenir l'espace de création qu'il dirige.
Thémacult monte, selon les conditions financières, une création
par année, et organise tous les deux ans un festival international
de théâtre. Vangdar a siégé sur le comité de la CITF (Commission
internationale du théâtre francophone) lorsque l'organisation a
soutenu la création de notre spectacle BOUFFE. Petit monde! Nous
avons mangé le meilleurs poulet grillé de N'Djamena (le Maître l'a
dit!) et, en parlant de nourriture – chassez le naturel... –, on
a dû avouer à Vangdar que nous n'avions pas encore mangé la Boule
(LE plat traditionnel tchadien). Katel a d'ailleurs avancé qu'elle
doutait de l'existence même de ce plat puisqu'on n'en voit nulle
part. Renversé, outré, incrédule, Vangdar nous a promis de nous
inviter chez lui manger la fameuse Boule et la non moins fameuse
« sauce longue »...! Samedi midi : c'est à
l'horaire. À suivre!
Nous
rencontrions Virginie à 13h à l'IFT afin de se préparer, de placer
les transitions entre nos contes/scènes et de s'assurer que tout
soit en ordre pour la représentation à 16h. L'endroit où nous
jouons est absolument magnifique. Un gros arbre mature jette son
ombrage sur une petite scène ronde devant laquelle se trouvent des
gradins en pierre. C'est très beau, intime, chaleureux. En fait ils
ont reproduit, dans cette petite cour intérieur, l'arbre à palabre
que l'on retrouve dans les villages africains. C'est souvent un très
vieil arbre comme celui-ci, vénérable et respectable, sous lequel
on vient raconter des histoires, des contes, les nouvelles, etc.
C'est la télé sans zapping! Petite émotion en voyant le lieu. Nous
avons décidé de présenter Grüm cette fois-ci et de garder la
grenouille et le crapaud pour la représentation de samedi (qui doit
être différente de celle du mercredi). Notons que le public de
« L'heure du conte » est un public variant de 6 ans à
18-19 ans, tous dans la même salle.
Virginie
a commencé avec deux contes. Là aussi ça parle, ça jase, ça
répond. Et fort en plus! Elle les a eu tranquillement, les faisant
rire et regagnant leur attention, lorsqu'ils devenaient trop
dispersés, à l'aide d'un « zing-zing-zing » auquel ils
devaient répondre, en cœur, « zou-zou-zou! » Elle a
attaqué avec l'histoire de la petite Lala, sauvée du
monstre-buveur-de-lait par la solidarité de ses amies. Elle a
enchaîné avec celle de Noix de Coco, où une mère accouche d'une
noix de coco qui finira par se transformer en en beau guerrier. Dans
les deux cas, je remarque que la conteuse faire intervenir le public,
lui faisant compter les amies de Lala ou lui demandant s'il avait
déjà vu une femme accoucher une noix de coco, et quelle boulot la
noix pourrait-elle trouver. On me sit que c'est très fréquent.
Comme le public est partie prenante et participante de l'acte
théâtral, on l'intègre (et on lui donne, en quelque sorte, son
texte). On le force ainsi à être attentif à ce qu'il doit dire et
au bon moment où il doit se prononcer.
Nous
avons adapté un peu l'entrée. J'arrive toujours du public (chose
qui ne se voit jamais ici... je l'ai bien compris mardi dernier et on
me l'a dit à plusieurs reprises), mais cette fois la conteuse me
voit, elle pointe vers l'arrière de la salle... « ...mais
c'est qui celui-là? Regardez-le!!... », elle installe le fait
que c'est un personnage qui arrive et, en plus, elle rit de lui –
établissant au passage qu'on a le droit d'en rire. Du coup c'était
un peu plus facile... personne ne m'a tapé dessus! Certains ont eu
peur lorsque je passais par-dessus leur tête, fuyant lorsque je leur
tendais ma valise... mais petit à petit on a compris. La dernière
rangée, celle des tout-petits, riait à gorge déployée lorsque je
suis arrivé à eux. On m'a parlé tout le long, m'interrogeant sur
ce que j'attendais, me disant qu'il n'y a pas de bus qui passe ici,
me demandant pourquoi je ne parlais pas. Certains me disaient de
partir. À la fin on me demandait de rester... pas clair du tout!
Grüm est tombé pour une jeune femme très courageuse, qui a joué
le jeu – elle l'a même embrassé, au grand bonheur de la salle...
et, ne le cachons pas, du comédien!
L'expérience
est définitivement moins traumatisante que la première. Virginie me
dit : « Ils sont restés, alors ils ont aimé. S'ils
n'aiment pas ils partent. On l'a vu souvent : le conteur
commence et en cinq minutes le tiers de la salle est déjà
disparu! » Même son de cloche de Katel et d'autres qui étaient
présents. Moi, je ne comprends pas encore ce public. Il parle un
langage que je ne saisis pas – et je trouve ça fascinant.
Avec le clown tchadien Djafat, John-de-John, Katel et Virginie
En
soirée, il y avait à l'IFT un spectacle-concours de hip-hop
organisé par Rodrigue, celui qui donne les formations de danse
hip-hop et de slam dans les quartiers. C'était franchement beau à
voir. Le public était au rendez-vous (il y avait un monde fou!), et
c'était touchant de voir ces jeunes s'affronter de façon aussi
rigoureuse… et pacifique. La danse contre la violence. Espoir.
Yaya et John, juges de la soirée hip-hop
Rodrigue fait une démonstration… foule en délire
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