Dimanche
23 décembre
Quoi?
Bientôt Noël? Euh, non. J'y crois pas.
Dernière
journée avant le départ.
Pourtant
il me semble qu'hier seulement nous arrivions à N'Djamena.
Comme
le dit la chanson : « Pourquoi faut-il... qu'le temps
file? »
J'ai
enfin pu aller voir le travail de Yacinthe Tobio, directeur
artistique de la compagnie de danse Jeunes Tréteaux. On se le
promettait depuis la première semaine. Avec sa conjointe Lorraine,
scénographe et costumière française, ils travaillent sur une
création autour de l'émancipation de la femme. Sur scène :
sept femmes. C'est très rare ici. Déplacer les femmes n'est pas une
tâche facile (nous l'avons vu lorsque nous avons donné les ateliers
aux groupe de Virginie la semaine dernière) puisqu'on s'attend à
beaucoup d'elles.
Les
femmes venue répéter sur le plateau du Ballet National n'ont pas
d'expérience de scène. Yacinthe travaille avec elles de façon très
instinctive et sensible, cherchant patiemment ce qui émergera de
chacune. Il travaille sur leur présence, explorant successivement
différents thèmes qui apparaissent : la joie, la douleur, la
colère, le jugement, l'espoir. C'est touchant à voir. Yacinthe
m'invite à participer, à proposer des provocation à ses danseuses,
à me prononcer. Une très belle discussion suit la répétition.
Lorraine demande à chacune ce que représente, pour elle,
l'émancipation. Les réponses viennent au compte-goutte.
On sent la
réserve, la gêne... un certain inconfort. Puis, doucement, on
commence à s'ouvrir.
« L'émancipation
c'est être libre de faire ses choix », « l'émancipation
c'est la curiosité », « l'émancipation c'est se libérer
des apparences », « l'émancipation c'est le savoir,
l'éducation, la connaissance »... Je ressors de ces quelques
heures reconnaissant d'avoir été invité à y participer.
Dernier atelier à Chagoua
Ensuite,
en route vers Chagoua pour le dernier atelier du séjour. C'est très
agréable de terminer avec eux – un groupe de jeunes passionnés,
rigoureux, curieux. Djafat vient assister à la fin de l'atelier et
me ramène en moto. Il me fait visiter un peu le quartier – son
quartier – avant de me ramener chez Taïgue où nous préparons une
petite soirée pour remercier les copains rencontrés pendant le
séjour.
Une
très belle soirée, où une vingtaine de personnes viennent célébrer
avec nous.
La
mélancolie du départ fait place à l'anticipation des suites de ce
projet. On est tous intéressés à ce que la collaboration se
poursuive. Plusieurs projets sont lancés. Il faudra faire des choix,
bien entendu, mais il s'agit plutôt de choix de timing que de choix
de projets.
Je
rentre au bercail plein de nouvelles impressions, touché par la
sensibilité et la générosité avec laquelle nous avons été
accueillis, et plein d'espoir pour ce monde à la fois grandiose et
absurde dans lequel nous vivons. Pendant qu'à quelques centaines de
kilomètres de N'Djamena les troubles en Centrafrique font état de
l'incompréhension entre les hommes, provoquant plus de 250 000
réfugiés à remonter vers le nord, ici des artistes de plusieurs
pays et continents rêvent de projets où la paix, la collaboration
et l'échange sont au centre des aspirations. Ils dansent, ils
jouent, ils écrivent, ils rêvent.
Travailler
ensemble pour cerner ce qui nous sépare et nous unit.
Accepter
qu'il y a, en chacun, une part d'incompréhensible.
… et
en faire, ensemble, quelque chose de beau
qui nous définit et nous dépasse à la fois.
qui nous définit et nous dépasse à la fois.
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