mercredi 25 décembre 2013

Jour 8 - Une semaine est passée

Mardi 17 décembre
déconnecté mais en sécurité!


Petite frustration aujourd'hui... voilà maintenant cinq jours que je n'arrive pas à avoir accès à l'internet. L'horaire est très chargé – ce qui, en soit, est une très bonne chose – et rares sont les moments où on peut s'asseoir devant l'ordinateur. Entre les coupures d'électricité aléatoires d'une journée à l'autre, l'absence de réseau là où nous habitons et la lenteur légendaire du débit lorsque nous arrivons à nous connecter cinq minutes, il devient quasi-impossible de garder contact avec ses proches. Pour faire exprès, l'internet a été coupé à l'IFT aujourd'hui... parce qu'ils n'ont pas payé la facture! L'institut Français du Tchad n'a pas payé sa facture!!... trop fort. Il parait que ça arrive... on priorise le paiement des employés et on attend quelques jours pour payer le reste. Dans tous les cas ce ne sont que des rumeurs et moi, je ne suis qu'un vulgaire rapporteur. N'empêche que c'est cocasse.

Je sais qu'on doit commencer à s'inquiéter de l'autre côté et je n'ai aucun moyen de rassurer qui que ce soit. Pourtant, les tensions en Centrafrique ne portent aucun ombrage au soleil vibrant de N'Djamena. On se sent en sécurité. Les troubles sont plus au sud, loin de la ville. Aucune inquiétude, donc. D'autant plus que c'est la fête de la liberté ces jours-ci (elle se déroule à l'extérieur de N'Djamena), donc la majorité des militaires sont hors-la-ville. Je suis bien curieux de ce qu'on fête comme liberté sous un régime comme celui de Deby.


Voilà maintenant une semaine que je suis ici. Voilà maintenant une semaine que je fais de superbes rencontres et je découvre une ville et un mode de vie à mille lieues de tout ce que j'ai pu avoir comme références. C'est une expérience extraordinaire, grandiose et troublante.


Ce matin, je travaillais pour la deuxième fois avec l'actrice, marionnettiste et conteuse Virginie Tokari. Nous avons continué de chercher l'alliage clown-conte. Le clown est si peu connu ici, les références sont si minces que c'est un réel défi d'arriver à quelque chose de satisfaisant. On y est arrivés doucement. On part du conte qu'elle nomme « La grenouille et le crapaud ». Pour les besoins de la cause, la conteuse a besoin d'un assistant. Je viens jouer le crapaud et, bien entendu tout part en couille. Je deviens tous les personnages, je m'empêtre... Elle arrive à peine à raconter son histoire. On est dans le classique clown rouge/clown blanc. Suite à l'expérience de mardi soir dernier, je m'interroge beaucoup sur la façon d'aller chercher le public d'ici, de le faire embarquer dans le style et d'arriver à ce qu'il se laisse aller. Les réactions sont si franches et si directes... on est loin du petit judéo-chrétien tranquille calé dans son siège qui, s'il ne comprend pas ou n'aime pas, en parlera à demi-mots sur le chemin du retour. Ça se passe là, maintenant, en direct!






En après-midi, ateliers dans le quartier de Chagoua auprès d'un groupe d'adolescents qui, franchement, impressionne! Le responsable de la maison de quartier est un homme dynamique, et celui qui s'occupe de faire du théâtre avec eux est un vrai passionné. Du coup, il a su transmettre cette étincelle à ses élèves. Ils cherchent, ils sont attentifs, présents, rigoureux, curieux... ce sont eux qui montent des spectacles à l'extérieur du contexte des ateliers!! Le défi : la langue. Ce sont tous des jeunes qui ont des difficultés en français – et comme je ne parle pas le patois... Par contre, aussitôt qu'ils ont saisi, ils se lancent. J'ai donc fait beaucoup plus de démonstrations aujourd'hui. Un film était présenté juste après mon atelier. Plein de gens sont venus s'entasser sur les bancs afin de regarder le long métrage, projeté sur un mur.


Cinéma, version Chagoua.




Aujourd'hui nous déménageons chez Taïgue, qui vit dans une concession du quartier Abdel-Djoumal. Nous y serons très confortables. Il quitte pour l'Allemagne. Nous poursuivrons donc le séjour avec Yaya et Aboubakar comme ange-gardiens. Même s'il est triste de voir Taïgue partir si rapidement, nous savons que tout est en place pour penser et bâtir la suite de notre collaboration – c'est à dire l'intervention dans les camps. Dans tous les cas on est bien lancés pour la suite de ce séjour-ci et on ne se sent aucunement abandonnés. L'horaire est d'ailleurs complètement chargé jusqu'au lundi 23 décembre. Entre les ateliers, les rencontres, les répétitions, les représentations, il ne nous reste qu'une toute petite plage de 3h le lundi PM! Comme nous l'a dit Taïgue, ce n'est pas plus mal que nous puissions entrer en contact avec les artistes sans qu'il soit toujours là. Cela nous permet de développer un contact plus particulier avec eux.

Je sens que ça va passer vite... Oh oui! Ce matin j'ai pris, pour la première fois dans ma vie, le moto-taxi (appelé « clando »). Ils sont là, à tous les quelques coins de rues, attendant des clients. S'ils passent, on les appelle d'un « sssst! », ce son (complètement impoli d'un point de vue nord-américain... je vais m'y faire...) qu'on emploie beaucoup ici pour appeler les gens, serveurs, etc. et qui capte leur oreille malgré les bruits les plus assourdissants. Le clando coute très peu cher (à partir de 150 FCFA... environs 30 sous). On me recommande de ne pas l'utiliser la nuit – c'est plus risqué.


Bonne nouvelle : nous aurons désormais accès à un modem portable. Je devrais donc pouvoir mettre le blog à jour plus régulièrement!... à moins que l'horaire ne nous dépasse.


Les graffitis que l'on retrouve partout dans les maisons de quartier...

… sont plutôt éloquents.


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